Shantaram, un roman de Gregory David Roberts
Autobiographique… Picaresque… Philosophique !
L’auteur, Gregory David Roberts, est né à Melbourne en 1952. Etudiant prometteur, écrivain talentueux, il bascule dans l’héroïne au moment où son mariage bat de l’aile et il perd la garde de sa fille. Pour alimenter son addiction, il commet des vols à main armée… avec un faux pistolet, ce qui lui vaut le surnom de « Gentleman Bandit ». Néanmoins arrêté, il est incarcéré pour 19 ans, torturé par les gardiens, menacé en permanence par les autres prisonniers. Il parvient à s’évader, part en Nouvelle-Zélande, puis en Inde, en Afrique et en Europe. Rattrapé en Allemagne, il purge sa peine en partie là et en partie en Australie, où il est extradé. Shantaram raconte son évasion et son séjour en Inde.
Il apprend le marathi à Bombay, au Maharashtra, puis le hindi, l’ourdou… Il vit dans un bidonville quand son visa expire et y fonde une clinique gratuite (son surnom australien est « Doc Smith » car il possède des rudiments de médecine), puis il est employé par un parrain de la mafia, afghan, qui l’entraîne dans la guerre contre les Russes fin 1985 dans la région de Kandahar. Commerce illégal de devises, fabrication de faux passeports et de fausses cartes de crédit, il touche un peu à tout et participe même au tournage de quelques films de Bollywood dont l’industrie explose ces années-là.
Tout cela est décrit avec forces détails dans Shantaram, qui est le nom qu’on lui donne dans le village indien de son ami Prabaker. Je vous laisse découvrir ce qu’il signifie.
Le narrateur nous décrit chaque événement tel que l’auteur l’a vécu : il y a les sons, les odeurs, les sensations physiques, les sentiments et l’action elle-même. Et puis il y a le recul avec les années qui ont passé, l’analyse en profondeur des motivations et des sentiments de chacun, y compris les siens.
Voilà ce qui fait de ce roman non seulement un récit d’aventures, mais une analyse très fine de l’amour, de l’amitié, de la trahison, de la confiance, du deuil, de la vengeance, de la souffrance – physique et morale -, de la loyauté… Bref, de tout ce qui construit une vie. Chaque chapitre commence par une réflexion sur l’un de ces thèmes, alors que le précédent s’est souvent terminé sur une action violente, un revers, un basculement du destin.
Et ce qui est formidable dans un roman de plus de 800 pages, c’est que le héros devient un ami que nous avons hâte de retrouver chaque jour.
A la fin du dernier chapitre, le narrateur est appelé à d’autres aventures, je me suis dit que les choses ne pouvaient en rester là… Et bien la suite est parue le 1er janvier ! en anglais cependant… Je me suis laissé dire que la traduction de Pierre Guglielmina était remarquable, le roman est paru en poche chez J’ai Lu, à vous de voir. Moi je vais lire la suite en anglais également, le style de l’auteur est fluide, simple mais très beau et agréable à lire, avec un sens du suspense très affiné. Je vous dirai ici ce qu’il en est, cela s’intitule The shadow of the Mountain, l’Ombre de la Montagne, tout un programme !
Et voici l’auteur, sympa, non ?
Que nous apprend-il, au fond ? Que le plus important dans la vie, c’est la liberté, et pour être libre soi-même, il faut laisser leur liberté aux autres, une autre façon de lâcher prise et de pardonner à ceux qui nous ont blessé.
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