Des lectures clin d’oeil dans le métro

Il y a en gros trois personnes sur quatre (oui on est assis deux face à deux dans le métro parisien) qui consultent leur smartphone – jouent à un jeu débile, regardent une série ou discutent avec trois personnes à la fois sur trois réseaux sociaux différents et publient sur un quatrième.

Et puis il y a ceux qui lisent. Des livres. En format papier. Wao !

Debout aux heures de pointe :

 

Ou bien confortablement installé.e.s malgré le sac et les voisins à l’étroit :

 

 

 

Alors c’est quoi ? Moi ça me passionne ! Le dernier polar islandais, le dernier Musso, Bussi, Gavalda… et parfois des auteurs qui sortent de nulle part dont les titres sont totalement inconnus ! Moi qui fréquente assidûment les librairies et lit des journaux littéraires, je me demande parfois comment telle personne a pu acheter ce livre, où elle en a entendu parler, est-ce son libraire qui le lui a conseillé car oui, il existe encore des libraires passionnés qui conseillent leurs fidèles clients avec coeur ? Je suis presque vexée de ne pas connaître ce roman, j’ai presqu’envie de demander à son lecteur, sa lectrice, de qui, de quoi il s’agit. J’essaie de retenir le nom de l’auteur ou le titre mais je n’y parviens pas.

Il y a les gens qui lisent en anglais, en italien, en espagnol, en polonais, en japonais (je reconnais grâce aux kana), en arabe ou dans des langues plus rares, c’est intriguant.

Mais parfois…

Des livres nous font des clins d’oeil de connivence, des petits signes d’amitié, des « Tu te rappelles ? Tu m’as aimé autrefois ? » Et ouiiii ! Souvenir ému ! On a envie de serrer leur lecteur dans nos bras, de s’extasier avec lui ou elle : Oh quelle chance tu as de découvrir Robin Hobb ! J’ai lu ses trois trilogies en anglais, c’est époustouflant ! Oh, tu lis Cent ans de Solitude de Gabriel Garcia Marquez, quel bonheur, je l’ai lu il y a tellement longtemps !

Et plus fort : Je lis par-dessus l’épaule de mes voisins car tout signe imprimé attire immédiatement mon regard. Et parfois, je reconnais un style, un environnement, une imagination particulière et… j’attends l’indice révélateur ! Je me souviens d’une fois, en particulier, où j’étais persuadée que ma voisine lisait l’un des tomes de Dune, sans doute l’un des prequels du fils de Frank Herbert et tout à coup, paf ! Le personnage qui parle s’appelle Harkonnen ! Banco ! J’avais gagné ! Ce sont des petites complicités joyeuses qui font plaisir dans l’univers pressé et agressif des usagers du métro. Et cela me réjouit toujours de voir qu’un inconnu apprécie un univers imaginaire où j’ai eu grande satisfaction à me promener.

Le livre me fait un petit signe d’amitié, mais son lecteur, sans le savoir, se connecte à mes rêves le temps d’un trajet en commun.

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