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Paris-Bercy ? Noooon !! Budapest Sport Aréna !!!

 

 

 

 

Koncz Zsuzsa (en français on dirait son prénom d’abord : Zsuzsa Koncz) a commencé à chanter en 1964. Ce 14 mars est son 10ème Sport Aréna à Budapest et elle vient de sortir son 38ème album Tündérország  disque de platine alors qu’il n’a eu aucune pub dans les médias ! Chanteuse culte du rock hongrois, elle rassemble désormais plusieurs générations à chacun de ses concerts. Tout le monde connaît ses chansons par coeur, même moi qui ne vis pas en Hongrie ! Elle a chanté la liberté, la tolérance et l’humanisme bien avant que ce ne soit permis, l’un de ses albums a été censuré d’ailleurs. Le concert a duré 3 heures et nous nous sommes régalés. Nous avons chanté, tapé des mains, pleuré et ri…

Elle chante les traumatismes de la Hongrie au vingtième siècle, Trianon, la Révolution de 56 écrasée par les chars soviétiques, la corruption actuelle des hommes politiques, mais aussi l’amour, l’amitié…

Elle invite ses amis qui, comme elle, sont des pointures de la scène rock. On n’en a jamais entendu parler ailleurs ? L’obstacle de la langue sans doute. Tolcsvay László nous a chanté l’un de ses tubes, une chanson qui raconte le petit jour à Budapest au terminus d’un tramway : les lumières de la station s’allument, une fille fatiguée repense à son rêve, un manteau est battu par le vent… « Le premier tramway part vers toi, il tintinnabule par où il passe… » :

C’est nostalgique et émouvant, alors chanté par 10 000 personnes, ça donne juste la chair de poule…

Koncz Zsuzsa invite aussi son ami de toujours, Bródy János, un très grand musicien de sa génération. Nous chantons avec eux l’un de leurs duos les plus célèbres, qui plaide pour la tolérance et la paix. Tour à tour, elle dit « Si j’étais une rose je m’ouvrirais plusieurs fois par an, pour le garçon, pour la fille, pour l’amour vrai / si j’étais un portail, je laisserais entrer tout le monde sans te demander qui t’amène / si j’étais une rue, je serais baignée de lumière tous les soirs et si des roues à chenilles m’écrasaient, même la terre m’accueillerait en pleurant » et elle se termine par : « Si j’étais un drapeau, je ne flotterais pas au vent, je voudrais être tendu pour n’être le jouet d’aucun vent. » Koncz chante ce dernier couplet a capella avec nous. Nous sommes à la veille de la fête nationale qui commémore la lutte pour la liberté en 1848, ces paroles ont une résonance particulière  :

D’ailleurs Bródy nous chante une chanson politique et parvient à faire se lever la foule en faveur de la République, la vraie, celle qui n’existe pas pour le moment – les élections sont dans quelques semaines pour élire la nouvelle majorité qui désignera un premier ministre. C’est impensable en France où ça passerait pour de la démagogie ! Mais vu l’histoire de la Hongrie, où le régime a changé en 1989 après 45 ans de communisme, plaider pour la démocratie, la liberté d’expression et la justice est juste légitime. Et cette génération de musiciens dont les activités étaient suspectes pour la dictature a eu le courage de ses opinions et, tout en composant aussi des chansons d’amour et des morceaux de rock plus « divertissants », a su imposer ses idées de liberté et d’ouverture. Voilà ce qui rend un tel concert aussi impressionnant pour l’Européenne de l’Ouest que je suis…

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