le Musée RODIN
Magnifique hôtel particulier, somptueux jardins
Ayant eu plusieurs propriétaires depuis sa construction au début du XVIIIème siècle, l’hôtel Biron est prêté à Auguste Rodin pour qu’il y installe son atelier de sculpture. Il négociera d’y laisser ses sculptures et ses collections, à condition que soit créé un musée dédié à ses oeuvres. Ce musée sera inauguré en 1919, deux ans après la mort de l’artiste. Le bâtiment et les jardins sont magnifiquement entretenus.
On peut voir à l’intérieur les oeuvres de Rodin, mais aussi de Camille Claudel qui a collaboré à plusieurs de ses oeuvres, dont Les portes de l’enfer, tout en créant les siennes, telles Les causeuses ou La vague, sculptées dans de l’onyx, pierre verte, exposées près des oeuvres de son maître, le grand amour de sa vie.
Rodin sculpte comme on photographie, des personnages au geste esquissé qui continuera ensuite, des corps dans la tension du mouvement, bras tendu, paume ouverte, une femme en appel à un homme qui lui tourne le dos dans Fugit amor, une Eve honteuse de sa nudité, un homme de profil à la tête penchée, tout en retenue. Face à un Balzac majestueux, dans la force de sa création littéraire, massif, le musée présente des esquisses en plâtre de personnages aux membres noueux, torturés par une souffrance morale ou à la tête recouverte d’une gaze, comme absents à eux-mêmes.
Ses oeuvres les plus célèbres, Le Penseur et Les Bourgeois de Calais sont également dans les jardins.
Se trouver face à ce mouvement figé dans le bronze mais qui ne demande qu’à se poursuivre, dans l’étirement musculaire du geste, la position des corps qui expriment ce que les mots ne peuvent plus dire, est extrêmement émouvant.
Mais pourquoi maintenant ? Pour Robert !!!
L’exposition temporaire actuelle présente 102 photos de Robert Mapplethorpe qui dialoguent avec 50 sculptures de Rodin, petites ou grandes, plâtres ou bronzes. Le photographe américain a également figé le mouvement de corps musculeux, présenté des tensions, des étirements, allant jusqu’à couvrir le corps de son modèle, Lisa Lyon, de glaise qui, séchant, a craquelé sur sa peau, la faisant ressembler à une sculpture de plâtre, ou enrobant Patti Smith, son amie de toujours, dans de la gaze tel Rodin sculptant un visage de femme recouvert d’une fine couche de plâtre évoquant cette même matière. Ce dialogue entre art contemporain et art plus classique n’est pas toujours heureux, mais là, c’est une réussite totale ! Photographies et sculptures se complètent et se répondent, c’est jusqu’au 21 septembre, courez-y !