Dezsö Kosztolanyi – écrivain hongrois
L’un des écrivains majeurs du siècle dernier
La vie littéraire à Budapest dans l’entre-deux-guerres était extrêmement riche. Comme à Vienne, les écrivains se retrouvaient dans des cafés où ils lisaient les journaux de tous les pays d’Europe et discutaient des heures entières. Kosztolányi écrit des romans, observations détaillées et attendries de ses contemporains, mais aussi des nouvelles à foison. Son style percutant, où des phrases simples décrivent des situations complexes, convient à ce genre littéraire. Il décrit minutieusement la société hongroise de l’époque et ses travers.
Je recommande particulièrement le roman Alouette qui raconte l’histoire de parents dont la fille unique, d’une laideur extrême, bouleverse le destin, ou Anna la Douce, où une domestique assassine ses maîtres. Les deux sont publiés chez Viviane Hamy qui défend la littérature hongroise avec constance depuis plusieurs années. Avec une fausse candeur émue, Kosztolányi nous fait pénétrer au plus profond de la noirceur de l’âme humaine comme de la chose la plus évidente et quotidienne possible.
Ses nouvelles sont un véritable délice, et si vous ne devez lire qu’un seul recueil, alors choisissez Le traducteur cleptomane et autres nouvelles, également chez Viviane Hamy. C’est plein d’esprit, inventif, original et très distrayant !
Kornél Esti
Kosztolányi a créé un personnage extravagant, tellement irréel qu’il en devient tangible, attendrissant, agaçant, drôle, émouvant, parfois exaspérant, parfois pathétique, mais jamais inintéressant, son alter ego dévergondé qui ose tout, et à qui les aventures les plus invraisemblables arrivent. Esti Kornél en hongrois, où l’on se présente en disant son nom de famille avant son prénom, apparaît dans d’innombrables nouvelles, mais aussi dans le roman éponyme que l’auteur a écrit en 1933 et qu’il a publié par épisodes. Pourquoi en parler maintenant ? Pour saluer une nouvelle édition aux éditions Cambourakis de la superbe traduction de Sophie Képès.
Précipitez-vous ! Lisez-le, vous m’en direz des nouvelles (sans jeu de mots).
C’est un personnage tellement mythique des lettres hongroises que Péter Esterházy n’a pas hésité à le « post-moderniser » dans son recueil brillant : Esti, en toute simplicité, un brillant hommage à l’original.
Il faudra patienter un peu pour le lire en français en revanche, mais en attendant, on peut se délecter de l’oeuvre de Kosztolányi.