Une fin d’année 2012 arabe
On avance à deux dans ce labyrinthe
Comme poussés par un élan irrésistible, nous progressons : Tarek veut tout m’enseigner, je veux tout apprendre ! Nous alternons vocabulaire ciblé et grammaire à un rythme effréné. Les cours sont tellement denses que nous passons à deux heures par semaine au lieu de quatre. Je suis demandeuse de vocabulaire précis, Tarek s’exécute : les expressions du temps, les fruits et légumes, la localisation dans l’espace, les parties du corps, les humeurs… Je vais voir une expo d’art contemporain à l’Institut du Monde arabe et trouve un livre de vocabulaire pour enfants où il y a des photos avec le mot en arabe, en anglais et en français, classées par thème : la maison, les métiers, les fruits et légumes, les vêtements, la ville, la planète… Trop bien !
Côté grammaire, c’est le temps du passé, la négation de la phrase nominale, les pluriels (un bordel noir !). Tarek me dit qu’il n’y a pas beaucoup de points, on peut vite tout voir et ensuite, il n’y aura plus qu’à jongler avec la syntaxe et le lexique à loisir. chiche !
J’ai envie de tout retenir d’un coup, mais c’est impossible alors je pique des crises de colère de gamine capricieuse. Tarek supporte, stoïque, je l’insulte, je m’insulte, et quand je me souviens des mots, que je comprends le texte, ah… l’extase !!! Parfois je repars du cours le coeur battant, le sourire aux lèvres, c’était un « bon » cours. Parfois j’ai envie de pleurer, je me sens nulle, je n’ai rien compris… Mes proches commencent à s’inquiéter, même s’ils connaissent mon caractère passionné. Je regarde Al Jazeera en week-end chez Maman, en vacances chez ma cousine en Hongrie, hmmm. J’emporte mes cahiers à Budapest début décembre, j’écris, je révise le vocabulaire. C’est la dernière lubie de Domi ! Mais je ne lâcherai pas !
Décembre 2012
Nous écoutons Al Atlal d’Oum Kalthoum avec Maman à Noël. Tarek m’a apporté ce magnifique poème que l’immense chanteuse égyptienne interprète de façon sublime et nous l’avons étudié ensemble. C’était son cadeau, nous en étions émus tous les deux. La version des années soixante fait plus d’une demi-heure et c’est sublime.
J’ai mis un clavier arabe sur mon smartphone et, après avoir envoyé un sms de bon anniversaire à Tarek en arabe en octobre, voici que je lui souhaite une bonne année le 31 décembre ! Trop la honte : il répond en transcription, son téléphone n’a pas le clavier arabe… Mon ami Hersen m’envoie aussi des sms en arabe ce soir-là et nous arrivons à nous dire plein de choses, nous sommes très enthousiastes. A la rentrée, début janvier, nous nous disons bonjour en arabe et nous nous demandons comment nous allons, une petite conversation s’engage. Le Chef hallucine, mais ça le fait rire. Nous ne dérogerons plus à ce rituel.
Mais je ne suis pas au bout de mes surprises et de mon émerveillement…