Les photos de famille
Toutes les familles ont des photos classées dans des boîtes à chaussures, ou en métal, ou dans des cartons d’archives, des albums… Parfois rangées par thèmes, parfois par années ou décennies, par enfants, en noir et blanc voire sépia puis en couleurs, toutes ces images racontent de belles histoires et rappellent le souvenir des ancêtres que l’on a connu ou dont on nous a parlé. Il y a les grandes fêtes de famille, les anniversaires, les vacances, le feuilleton des enfants qui grandissent (première dent, premier noël, premier vélo, etc.).
Oui bien sûr, c’est très émouvant. Il y a ceux qu’on a tellement aimés, qui ne sont plus là, avec leur sourire familier ou dans une pose favorite… Il y a les coupes de cheveu, les vêtements d’un autre âge, les décors surannés… C’est rigolo aussi.
Des exemples ? Volontiers !
Notre plus ancienne photo, l’arrière-grand-père tapissier et sa femme lors de leur mariage à Budapest en 1883 :
Et avec ses amis en 1899 :
C’est un monde ancien perdu à jamais, comme celui des grands-parents et de mes parents enfants, Papa à Buda et Maman à Pest… Un monde que mes grands-parents ont emporté avec eux lors de leur déportation et ont apporté à Paris dans l’exil, ce que moi je trouve très émouvant.
Et puis il y a des photos surprenantes, un gâteau d’anniversaire, des enterrements et des gens tristes devant des tombes fleuries, voire les tombes toutes seules, les grands-parents qui posent devant la maison de Maman, sur leur lieu de déportation…
C’est simple : côté hongrois c’était impossible de venir en France très souvent, on donnait un visa tous les trois ans et il fallait le demander longtemps à l’avance, et de notre côté, mes parents ne sont devenus français qu’en 1961 et même alors, nous ne pouvions aller en Hongrie que de temps en temps car cela revenait cher pour toute la famille. Alors pour son premier anniversaire loin d’eux, à Paris, mes grands-parents ont fait un gâteau et ont envoyé la photo à ma mère, en juin 1948. Belle attention ! (et sans smartphone). Les cousins prenaient en photo l’enterrement de l’oncle, le mariage de l’un des leurs, un baptême, une communion, et nous y participions après coup de cette façon. Et nous avons fait de même, gardant à chaque fois un exemplaire pour nous.
Nous avons tout vécu ensemble de cette façon virtuelle, les joies et les peines, les naissances et les deuils. Tout ce que nous partageons désormais sur les réseaux sociaux, je l’ai entre 1884 et 1987 environ en photo argentique, voire parfois sur des drôles de cartons épais avec calligraphiée l’adresse du photographe.
Mais pour terminer sur une note rigolote, me voici toute fière avec ma grande soeur dans les années 60 :
On est trop chou, c’est mon absolue préférée !