Musée de l’Orangerie – Paris
Et quelques mots pour commencer :
J’écris contre la haine, la peur et l’ignorance, je publie un article sur la beauté dont l’homme est capable pour lutter contre sa barbarie, car indépendamment de son origine et de sa culture, il est capable de grandes choses et je publie aujourd’hui pour montrer que la vie continue comme avant et que rien ne peut menacer notre enthousiasme !
L’Orangerie a été construite en 1853 pour abriter pendant l’hiver les orangers du jardin des Tuileries que l’on mettait jusqu’alors au Louvre. La façade côté Seine est garnie de larges ouvertures pour permettre au soleil d’entrer à flot et celle côté rue de Rivoli fermée pour éviter les vents du Nord.
Après l’incendie du palais des Tuileries en 1871, l’Orangerie passe du domaine du Louvre à celui de l’Etat pour des expositions horticoles, canines, des salons entre autres. On construit alors le Jeu de Paume de l’autre côté, en 1866, pour exposer des artistes vivants. Mais c’est après la Première guerre mondiale qu’il est décidé qu’on y installerait les Nymphéas que Monet est en train de peindre et qu’il a donnés à l’Etat. Le peintre achève cette oeuvre en 1926 : 8 panneaux de 2 mètres de haut, d’une longueur totale de 91 mètres installés dans deux salles ovales. Ce que l’on voit actuellement est le résultat de la restauration du musée entre 2000 et 2006, travail colossal qui restitue l’atmosphère baignée de lumière des deux salles ovales dans lesquelles on pénètre, comme au tout début, par un étroit couloir, comme ces couloirs par lesquels les initiés à des Mystères de l’antiquité pénétraient dans le Saint des Saints, se dépouillant de leur vision illusoire du monde pour accéder à des révélations appartenant à un plan de perception supérieur. C’est ainsi que Monet l’a voulu et c’est encore ainsi que cela se produit 89 ans plus tard ! Le visiteur émerveillé arrive dans un monde liquide, plongé dans le lac mauve où des nymphéas roses affleurent à la surface, de verts saules pleureurs penchant leurs branches à fleur d’eau. Flottant comme à la contemplation des estampes japonaises de l’ukiyo-e, images du monde flottant de l’époque d’Edo (19ème siècle) dont Monet raffolait et dont on peut voir une collection remarquable dans la maison du peintre à Giverny, le visiteur se perd dans la contemplation de cet univers floral aquatique apaisant. Voici :
La photographie leur rend difficilement justice, mais essayons encore :
Au sous-sol, à voir avant ou après, la collection Jean Walter et Paul Guillaume, deux collectionneurs d’impressionnisme avertis. Domenica, veuve de Guillaume, a épousé Walter ensuite et a voulu que les tableaux achetés par ses deux époux soient réunis. Ainsi, depuis les années 60, l’Etat a pu exposer toute la crème de l’impressionnisme d’une collection privée : Renoir, Derain, Cézanne, Matisse, Marie Laurencin et ses aquarelles, Modigliani, Renoir, Soutine, Le Douanier Rousseau, Utrillo et deux Picasso préfigurant l’abstraction. C’est charmant car, contrairement à Orsay où la foule se presse, c’est beaucoup plus confidentiel et même les touristes japonais restent discrets dans cette atmosphère lumineuse et recueillie qui permet une initiation à l’un des grands mouvements picturaux du début du siècle dernier.
Pour réserver et voir les salles des Nymphéas à 360°, le site de l’orangerie Bonne visite !