Essaouira : festival gnaoua et musiques du monde, waouh !
Toute la ville vibre au son des qraqeb, ces percussions en métal constituées d’un manche et d’une cuiller à chaque bout. Le maître gnaoua ou mâalem joue du gombri, instrument à trois cordes pincées tendu sur une peau de chameau ou de tortue, les musiciens de sa confrérie l’accompagnent aux percussions, guidés par le rythme qu’il donne et la mélopée aux sons envoûtants qu’il chante, reprise en choeur par l’ensemble.
Qui sont les gnaoui ?
Leurs ancêtres venaient d’Afrique noire, esclaves de Guinée ou du Ghana (origine du mot gnaoua ?) qui ont importé leurs rituels au Maghreb, y incluant des prières à Allah, islamisés non dans une forme de syncrétisme, mais dans une communion spirituelle. Chaque confrérie porte des costumes de couleurs différentes, noir, rouge, jaune ou bleu, et déjà ces hommes qui psalmodient en ondulant sur des rythmes graves nous portent vers la transe. Car il s’agit bien de cela : cérémonies rappelant les dikr soufis, transes chamaniques, invocation des esprits, les Djinns, pour guérir ou exorciser, présence des voyantes ou médiums pour aider un malade physique ou psychique, voilà une musique qui va bien au-delà de la simple mélodie. A tout moment, les musiciens eux-mêmes, emportés, se lèvent et exécutent des sauts ou tournent sur eux-mêmes. Lors de soirées, appelées lila, les spectateurs peuvent aussi entrer en transe et guérir de leurs maux, être purifiés.
Né grâce à la passion d’une femme, Neila Tazi, pour cette musique, et à la persévérance d’un homme amoureux de culture et indépendant, André Azoulay, ce festival attire désormais plus de 450 000 personnes du monde entier et des groupes de flamenco, La Bejazz, la chanteuse Hindi Zahra accompagnée du génial Mehdi Nassoly entre autres. Radios et télévisions le couvrent chaque année.
Mais il a également séduit des musiciens de jazz et de blues pour des concerts de fusion qui enthousiasment tout autant le public : avec Ray Lema, avec Lucky Peterson, avec Carlinhos Brown et aussi l’énergique Amazigh Kateb avec le groupe Gnawa Diffusion qui nous a donné un concert à couper le souffle ! Et du souffle, il y en a, car le vent se déchaîne à Essaouira, l’un des spots des surfeurs. Le vent tourbillonnant, le vin marocain corsé et parfumé, les percussions qui changent brusquement de rythme, les mélodies incantatoires, tout cela fait du festival d’Essaouira un lieu de rencontres et d’échanges magique, aussi bien avec les autres participants qu’avec la population de la ville, des Berbères qui nous racontent des histoires venues du désert profond…
Et pour finir, place à la musique ! Voici l’ouverture du festival :