Fan de Monica Vitti
Italienne, belle, intelligente et mystérieuse
Elle participe à l’explosion du cinéma italien des années 60, après l’überMamma Anna Magnani et les pulpeuses Gina Lollobrigida et Sophia Loren aux décolletés plongeants et aux yeux de biche effarouchée que l’on voit dans des comédies débridées mais qui savent aussi jouer du drame. Monica Vitti, actrice de théâtre diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Rome, ne réalise que des doublages au cinéma où sa voix rauque fait sensation. Mais son physique ?! Des yeux très écartés, un nez trop grand, des taches de rousseur, voilà qui déplaît aux producteurs et réalisateurs. Elle double l’actrice Dorian Gray pour Antonioni dans Le Cri en 1957 et bam ! coup de foudre, collaboration artistique cultissime avec deux films où elle est sublimissime (comme dirait un de mes amis) : L’avventura (1960) et La Nuit (La Notte) l’année suivante. Ils ont vingt ans d’écart, et alors ? Ils se comprennent et se complètent.
Loin du néoréalisme italien de Vittorio de Sica ou de Roberto Rossellini, voire de Luchino Visconti qui se dirigera ensuite vers les grands drames bourgeois, Antonioni décrit de l’intérieur les névroses d’une société en perdition, ses personnages ne terminent pas ce qu’ils ont commencé, se perdent sans se retrouver, souffrent sans pouvoir le dire, ce qui fera dire aux critiques que ses films traitent d’incommunicabilité et aux détracteurs de son oeuvre : « Allô Mme Vitti, je vous passe la communication » dans une ironie mal venue. Monica Vitti sera le personnage principal de 4 de ses films, vus comme une tétralogie : après L’Avventura et La Nuit, L’éclipse et Désert rouge. Elle joue comme absente à elle-même, hypnotisée elle nous hypnotise, nous nous perdons avec elle, peu importe la destination finale pourvu que nous cheminions à ses côtés, égarés comme elle.
Mais l’actrice, après avoir été la compagne du réalisateur pendant 10 ans, va se lasser de cette névrose toujours répétée alors elle va tourner des comédies et montrer ses talents comiques sous la direction d’autres réalisateurs.
A 84 ans, elle souffre de la maladie d’Alzheimer, nous souffrons avec elle mais nous restera sa si belle image (photo de Gabri Berti) :
Et aussi ses films – petit extrait de L’Avventura :