Christine and the Queens
Un clip pour illustrer tout cela :
Un clip pour illustrer tout cela :
Dans cette ville bourgeoise où l’on a le choix entre dîner dans un restau un peu classe – nappes blanches et addition salée pour une nourriture assez banale, ou dans un lieu style mexicain ou asiatique très moyen, le pousse café est un lieu chaleureux à la cuisine traditionnelle faite de produits frais en provenance directe du lieu de production : la viande de l’Aubrac est à fondre de plaisir, la planche de charcuterie/fromages est arrivée d’Auvergne le matin même, c’est sûr, il n’y a qu’à goûter le Saint Nectaire et on sait qu’il ne vient pas du supermarché du coin ! Le tout à un prix super abordable avec un petit vin de pays très gouleyant, d’ailleurs voici l’ardoise :
C’est au 48, rue Danjou, à Boulogne dans les Hauts de Seine, et si on n’y avait pas fêté l’anniversaire de mon amie Eve, habitante du quartier, jamais je n’aurais su qu’un tel lieu existait à quelques mètres du métro Marcel Sembat où la pizzeria avoisine le restaurant japonais…
La déco est très chouette aussi, style américain kitsch avec un côté années 30 (on n’est pas loin du Musée des années 30) :
Et tous les 15 jours, un groupe vient jouer de la musique latino, hier c’était le groupe brésilien Mini Bailinho super chouette :
Alors si on ne dîne pas trop tard, on peut rester boire des coups et écouter la musique sans hésiter à esquisser quelques pas de danse.
Pour rester en contact avec eux et savoir qui va chanter dans 15 jours, la page Facebook du Pousse café vous dit tout ! C’est ici
Le dialogue interculturel est à la mode, certes, mais il donne lieu parfois à un échange particulièrement fort. Ainsi, Hildegarde de Vuyst, des ballets KVS de Bruxelles, Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero, des ballets C de la B de Gand, se sont unis à l’A.M. Qattan Foundation de Ramallah pour mettre en scène onze danseurs palestiniens, cinq femmes et six hommes, dans une réinterprétation du Dabke, cette joyeuse farandole qui se danse dans toute la région au moment des mariages et des fêtes. La troupe a participé à Fréquence danse au 104 mi-avril.
Dans l’obscurité totale, on entend d’abord des frôlements, des gens que l’on ne voit pas tapent des pieds, une femme crie « Aïwa! », on lui répond en tapant trois fois dans les mains… Puis la lumière se fait, les danseurs nous tournent le dos, sautent à pieds joints, tapent d’un pied, puis des mains. L’un se retourne, ondule en rythme, puis un autre se détache du groupe. Torsions du corps, coups de hanche très orientaux, mouvements gracieux des bras, le rythme est donné. Et soudain, la musique explose, montée en boucle par Sam Serruys, composée par le Palestinien Naser Al-Faris, on dirait du Oumar Souleyman. Les danseurs sautent partout avec légèreté, rient, se rejoignent les mains sur les épaules en une file très proche du dabke traditionnel, avec une virtuosité acrobatique en plus. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai assisté à plusieurs spectacles orientaux ces derniers temps, mais j’aurais eu envie de taper des mains, personne dans le public ne le fait, alors je m’abstiens aussi, et les youyous me manquent…
Mais au-delà de cette gaieté colorée, le spectacle nous rappelle la souffrance du peuple palestinien : la musique s’arrête d’un coup et la lumière diminue comme si elle filtrait faiblement de l’extérieur, coupure de courant simulée qui fige les danseurs. Ils s’approchent les uns des autres, chuchotent, l’angoisse monte, on attend le bruit de la bombe qui va tomber c’est sûr… Puis les danseurs chantent a capella et la danse, la vie, reprend. Dans un coin, deux femmes se tordent encore dans l’angoisse cependant. Puis la lumière et la musique reviennent, apportant de nouveau la joie. Pourtant, un homme convulse, se prend la tête dans les mains à répétition, ses nerfs lâchent, c’est ensuite une femme qui se traîne, les membres tordus comme par la torture, un homme arrive, la relève, la rejette, la force à adopter une position qui la fait souffrir, deux hommes en attrapent une autre et lui font traverser la scène couchée sur le sol, le tout entrecoupé de sauts, de tourbillons et de figures empruntées à la danse classique, la capoeira, le hip hop, et au dabke lui-même. Performance physique et psychologique des danseurs, ce spectacle en une heure nous emmène de la joie au désespoir, de l’exultation du corps à sa souffrance, et nous en ressortons galvanisés, car au final, ces danseurs nous démontrent que la vie veut vivre et que la joie est plus forte que tout.
Un extrait du spectacle ? Volontiers :
Jérôme Ettinger, directeur artistique et musicien nantais, part en Egypte une fois, deux fois… plein de fois… Passionné de musique, il rencontre les plus prestigieux : Sayed Emam, chanteur et joueur de kawala très connu, Salama Metwally, chanteur et aussi violoniste, virtuose du rababa, le violon traditionnel égyptien, et Ragab Sadek, percussionniste aux instruments variés avec des noms qui chantent aussi – dof, sagates, rek, darbouka et dhola. A leurs côtés, Jérôme apprend le dof et l’arghul, double flûte égyptienne. Il mettra des années de ténacité pour créer un groupe – Egyptian Project – auquel il participe également. Mélange de musique occidentale avec ordinateur et de tradition égyptienne électroacoustique, leur travaille a nécessité une démarche très belle, chacun allant vers l’univers musical de l’autre. Ces messieurs déjà âgés, références dans leur pays, ont collaboré avec le jeune Français sans a priori, comme les musiciens savent le faire, ouverts et passionnés. Leur premier album est sorti en 2013 et c’est un régal !
Concerts et participations aux festivals, accueil triomphal au Caire, tournées (celle de 2015 passera par la France, la Hongrie, l’Autriche, la Slovaquie et aussi Le Caire et la Tunisie) ont suivi. Nous sommes tous fascinés par ces mélodies envoûtantes qui parlent à nos émotions les plus profondes ou nous entraînent dans des rythmes étranges et irrésistibles.
Pour en savoir plus, le site des productions Togezer à consulter régulièrement, voici la page dédiée ici avec des photos de concert magnifiques.
On peut également s’abonner à la page Facebook d’Egyptian Project (photos, vidéos, infos, tout y est !).
Et pour avoir envie de faire tout ça, un extrait de leur album Ya Amar, la chanson éponyme :
D’origine algérienne, HK sympathise avec la cause palestinienne et a écrit une chanson magnifique sur Jérusalem, Al Quds en arabe :
Ils ont résumé leurs frustrations de ce monde qui exclut plutôt qu’il ne rassemble et contre lequel il faut résister sans relâche dans une chanson devenue culte depuis 2010 :
Pour plus d’infos, le lien vers leur site Internet ici
Groupe norvégien de metal symphonique tirant sur le black créé en 1987, puis de plus en plus avant-gardiste, notamment dans cet album, le quatrième et dernier du groupe. Oui, Arcturus c’est la planète.
C’est puissant, c’est rapide, mais c’est aussi très construit et harmonieux !!! Et donc ça t’emmène très loin si tu lâches tout un soir de blues ou d’exaspération car c’est à la fois compact et délié, fluide et heurté, magistral donc !
Je choisis d’en parler aujourd’hui car leur titre « Stay with me », un instru, vient de sortir dans une compilation intitulée « Trance Arena Music » où il y a quoi d’autre ? J’en sais rien et je m’en fous, c’est ma plateforme musicale préférée qui me le recommande !
Fondé à Szeczin en Pologne par l’accordéoniste et chanteuse Ania Witczak, le groupe chante la naissance, la mort, le désir, la solitude, parfois dans une langue qui lui est propre. Inspirées par la musique traditionnelle des Balkans et d’Europe de l’Est, leurs chansons revisitées par un souffle de modernité qui leur donne une nouvelle vie nous emportent à un rythme effréné dans une farandole à laquelle il est impossible de résister ou nous font éclater en sanglots tant leurs mélodies nous prennent aux tripes. Chacune de leurs prestations sur scène exprime la chaleur, la fougue, et la profondeur de sentiments de l’âme humaine. Ce n’est pas un groupe de musiciens que l’on entend, mais une famille avec la joie de jouer ensemble, c’est d’ailleurs la signification de leur nom dans un dialecte africain : Dikanda, la famille…
Ecoutons plutôt :
Et cet air mélancolique sublime, partagé un soir sur Facebook par un ami grâce à qui j’ai découvert le groupe :
Je vous défie d’écouter ça et d’y rester indifférent…
Tout savoir de leur actu sur leur site officiel !
Avant, bien avant Internet et l’hyper connexion, tu écoutais tes groupes favoris à la radio ou sur tes disques vinyles, tu savais qu’un nouvel album était sorti parce que ta station de radio préférée en parlait ou tu en avais lu la critique dans ta revue de rock habituelle. Parfois, tes amis découvraient une nouveauté et te la faisaient découvrir.
Aujourd’hui, tu écoutes toujours la radio bien sûr, tes amis te font écouter ce qu’ils aiment aussi, mais tu regardes des vidéos sur YouTube qui t’en propose d’autres approchantes, tes amis sur Facebook partagent ce qu’ils aiment, les pages auxquelles tu es abonné sur Facebook te proposent des vidéos en rapport avec l’ambiance de leur univers, et les plateformes musicales enrichissent tes connaissances. Leurs DJ suggèrent des nouveautés, mais t’établissent aussi un listing personnalisé en fonction de ce que tu as écouté précédemment. On t’appelle par ton prénom (c’est fou le nombre de robots numériques et de sites qui sont ainsi familiers avec toi) et on te dit : »Vous avez écouté ça… vous aimerez sûrement ça… » Et bien ça fonctionne ! C’est ainsi que j’ai découvert Esmerine grâce à Deezer et c’est une tuerie !
Des Montréalais : Rebecca Foon, violoncelliste et Bruce Cawdron se rencontrent et font des albums de musique de chambre moderne. Ils se tournent alors vers l’Orient avec Jamie Thompson (percussions), Brian Sanderson (banjo et cornet), et Sarah Neufeld (violon) pour expérimenter des sonorités turques. Un voyage à Istanbul leur permet de rencontrer quatre musiciens turcs, Hakan Vreskala, Baran Asik, Ali Kazim Akdag et James Hakan dadeoglu. Désormais, la musique ambiant du collectif canadien se mâtine de sons kurdes, tziganes, arméniens, ottomans à la rencontre entre orient et occident.
Dalmak, le titre de cet album, signifie « contempler » mais aussi « plonger », « être absorbé, se baigner dans ». Le rythme obsédant et syncopé des percussions vient bouleverser les cordes et crée une atmosphère lancinante propre à la transe – soufie ? – des atmosphères orientales mystiques. On est emporté loin, on n’a plus de repères, on flotte dans un ailleurs envoûtant, qu’on est bien !
Naviguant entre le profane et le sacré, les chants d’amour à la bien-aimée et les chants de guérison de la tradition soufi, cette envoûtante musique albanaise aux influences persanes se jouait autrefois dans les bazars en Albanie, lieux de rencontres et d’échanges par excellence. Les musiciens étaient également artisans.
Diplômé de guitare et enseignant, Enris Qinami est aussi ethnomusicologue, passionné par ce style musical qui le rattache à ses racines albanaises. Chercheur enthousiaste, il déniche des partitions du XIXème siècle pour jouer sur son luth à cordes pincées, le sharki, des airs parfois jamais interprétés avant lui. Cet instrument, il l’a déniché sur place où il restait suspendu au mur depuis 30 ans chez un luthier. Ce fut une belle rencontre comme il en existe dans les contes orientaux. Enris et son sharki créent ensemble depuis un an, le musicien sait lui tirer les sonorités les plus émouvantes et le sharki vibre entre ses doigts experts pour donner le meilleur de lui-même.
A ses côtés, David Bruley joue de différentes percussions persanes, tambour en forme de calice, grands et petits tambours de peau et fils de métal, petites cymbales iraniennes aux joyeux sons tintinnabulant entre ses doigts agiles. Professeur de percussions persanes, il raconte ses instruments avec le ton gourmand duconnaisseur amoureux. Débonnaire et bienveillant, sachant tirer des cascades de sons entraînants en accord parfait avec Enris, il rejoint ses trilles et souligne d’un roulement les mélodies virevoltantes de l’aheng. Pour suivre les activités de David, vous pouvez consulter son site :
Car à ces musiques envoûtantes se conjuguent les sonorités chuintantes, ululantes et caressantes de la langue albanaise à nulle autre pareille. On écoute, surpris puis charmé, cette musique venue de loin, créée pour alléger l’âme et dont l’effet reste le même, interprétée par des virtuoses, dans un autre lieu à un autre temps.
Les musiciens :
Et un extrait, en attendant leur CD « Mais pas tout de suite, on y va petit à petit », dit Enris. Dois-je préciser que David et Enris sont deux anges en visite parmi nous, ou vous l’avez déjà compris ?
On ne le sait pas assez, mais la Maison de la Radio à Paris propose toutes sortes d’émissions et de concerts enregistrés en public, et auxquels on peut assister gratuitement. Ainsi, le studio 105 accueille les sessions publiques de FIP.
Ce jeudi, deux parties comme d’habitude : d’abord la chanteuse marocaine Oum qui chante en dialecte des mélodies plaisantes inspirées de son pays d’origine, et ensuite le groupe du Nord Mali Tinariwen.
Hommes du désert – Tinariwen en langue amasheq est le pluriel de Ténéré, désert – ils chantent les souffrances de leur peuple, la douleur de l’exil, mais aussi la résistance et la tradition séculaire des Touareg, demandent des écoles, le respect de leur culture et le droit à l’existence dans un pays à la politique instable, car ils ont choisi ce moyen pacifique de se défendre pendant la rébellion touareg des années 90. Leur dernier album, Emmaar est sorti récemment. Leur prochain concert en France : Saint-Cloud, dimanche 24 août.
Leur musique mélange rock, blues et tradition, cogne, swingue, pleure et nous entraîne dans un univers où les vents chauds du désert tourbillonnent avec force et où le sable délicat et poli nous caresse la peau avec des sons feutrés.
La formation n’est pas figée et de nombreux musiciens touareg participent à leurs albums, on ne les verra pas forcément en tournée. Sur scène, trois générations au talent égal et c’est aussi émouvant de voir que le flambeau se transmetLe plus âgé ne danse pas, il ondule avec soudain un geste saccadé des poignets en accord avec les rythmes syncopés. Lorsqu’il ne joue pas de la guitare, Abdallah chante les choeurs puis fait quelques pas vers le public, le bras levé, paume tournée vers nous comme dans un geste d’amitié, tenant un coin de son voile blanc parfois comme un drapeau pacifique, puis retourne vers son micro, nous faisant toujours face.
Nous dansons, nous tapons dans nos mains, il y a une ambiance du tonnerre. Sur le dernier morceau, le rythme s’accélère dans une frénésie très maîtrisée, on siffle, les femmes font des youyous dans le public, tout le monde danse (par contagion, j’ondule et je bouge les poignets, paumes ouvertes, le style touareg ?). Voici ce que ça donne :