La Disparition de Jim Sullivan – Tanguy Viel
Quoi de plus délicieux, que de découvrir un auteur, quand on aime lire ?
Tanguy Viel nous prévient tout de suite : lui, l’écrivain français, a eu envie d’écrire un roman américain avec des personnages américains vivant dans un lieu américain, ressentant des émotions américaines. Cliché ? Imitation ? Loin de là ! Ce roman postmoderne construit en abyme raconte une histoire en train de s’imaginer dans l’esprit de l’écrivain qui s’inspire de ce qu’il connaît de la littérature et de la culture américaines. Alors, non seulement le lecteur est embarqué dans une histoire de divorce, d’alcoolisme, de délinquance et de déchéance, comme les écrivains américains savent les écrire, mais Tanguy Viel nous dévoile les ficelles de cette narration, de la construction de cette fiction. Il nous explique ce qu’un écrivain américain aurait développé à partir de telle ou telle scène, ce qu’il aurait révélé des personnages et donc que lui, écrivain français voulant écrire un roman américain, se doit d’écrire aussi.
Et la conclusion de tout cela nous entraîne dans la réalité imaginaire d’un roman américain pur jus. Et Tanguy Viel piège ainsi son lecteur avec un final grandiose et inattendu, magistral. C’est court, ça se déguste comme un whisky soda juste avant le barbecue, c’est délectable !
Extrait :
Pour tout dire, j’ai pensé longtemps que mon livre commencerait là-dessus, sur ce grand dîner qui poserait tous les personnages ensemble et donnerait une vraie idée de l’Amérique, à cause de plusieurs romans que j’avais lus qui commençaient comme ça, sur une grande scène où il ne se passe rien mais qui permet de présenter tout le monde.
J’ai longtemps réfléchi à ce qu’un romancier américain aurait fait avec ça, un dîner dans l’Amérique blanche du Michigan, avec Dwayne qui ferait griller deux kilos de boeuf sur sa terrasse, avec l’odeur des pins et les conversations autour du base ball, avec Ralph et Becky qui se joindraient à eux pour que Dwayne soit moins seul.