VERSAILLES – II
Le Grand Trianon
Le Grand Trianon a été construit par Mansart en 1687 à la place du « Trianon de Porcelaine » où Louis XIV fuyait la Cour avec Mme de Montespan. Oui, tous les hommes au pouvoir, qui le désirent tellement, ce pouvoir, veulent s’en échapper à la première occasion, et dans les bras d’une femme de préférence… Architecture italienne, colonnes de marbre sur le péristyle qui sépare les deux corps de bâtiment, le Grand Trianon est élégant, presque cosy à côté de l’immense château sans arrêt surpeuplé – famille du souverain, aristocrates, gardes, serviteurs… La Princesse Palatine, belle-soeur de Louis XIV et délicieuse chroniqueuse de Versailles, s’y installe. Puis, après la Révolution, Napoléon le remeuble et y loge sa mère et sa femme, Marie-Louise, ce qui nous donne de magnifiques exemples de mobilier Empire, et la salle de travail de l’Empereur avec ses cartes d’où il planifiait l’invasion de toute l’Europe. le général de Gaulle y travaillera aussi, mais les salles réservées à son bureau et à son aide de camp ne sont pas toujours ouvertes au public malheureusement…
L’anecdote de Domi
C’est ici que fut signé, le 4 juin 1920, le Traité de Paix – mais quelle Paix ? – qui ratifia la diminution de la Hongrie des deux tiers. Intense moment d’émotion dans le Salon des Cotelle, ainsi nommé à cause des tableaux d’un certain Cotelle qui orne ses murs. La table autour de laquelle se sont réunis vainqueurs et vaincus a été retirée. Il y a quelque 50 ans, les touristes hongrois crachaient dessus, paraît-il… Imaginez : au nord d’Amiens, c’est la Belgique ; l’Alsace et la Lorraine sont allemandes ; Un arc de cercle entre Avignon et Nîmes, c’est l’Italie ; et au sud de Toulouse, c’est l’Espagne ! Voilà une idée de la tragédie de la Hongrie sortant de l’Empire austro-hongrois vaincu en 1919 (oui, pas de 11 novembre férié là-bas…). Quelle émotion de penser là aux 3 millions de Hongrois qui brusquement étaient autrichiens, tchécoslovaques, ukrainiens, roumains et yougoslaves !
Allez, je préfère conclure avec une belle image de porcelaines de ce qui était alors la Manufacture Royale de Sèvres :